CHANGEMENT DE LEADERSHIP

Lundi matin, par un temps humide, il est six heures et demie et Dzidzornu, 18 ans, se tient sous un arbre dans la cour de l'école avec un groupe élève de dernière année chargé de la surveillance, les préfets. Sa voix est calme, chaleureuse et assurée lorsqu'elle s'adresse au groupe. "Notre rôle est de montrer l'exemple à nos camarades. Si nous les traitons avec respect, ils et elles nous traiteront avec respect. Si nous nous comportons mal et jetons, par exemple, des détritus dans l'enceinte de l'école, nos camarades feront de même", dit-elle. Elle rappelle à chaque membre du groupe leurs responsabilités en tant que préfets et planifie la journée avec eux. C'est sa routine depuis ce moment historique, durant lequel les élèves l'ont élue « préfète principale » de son école, faisant d’elle la première jeune fille accède à ce poste.

Les préfets sont élus par les élèves sur la base de leurs compétences en matière de leadership, d’excellence académique et des projets de transformation de l'école qu’ils et elles proposent. Ce groupe a pour mission d’aider à maintenir l'ordre parmi les élèves, assure la liaison entre les élèves et la direction de l'école et contribue également au maintien de la propreté, de l'ordre et de la sécurité à l'école.

Il y a seulement quelques années en arrière, Dzidzornu n’imaginait même pas se tenir devant ses camarades. Sa timidité et son manque d'estime de soi l'empêchaient de se faire des amis et de s'exprimer en classe. L'idée de se présenter à un poste de direction au sein de l'école ne lui avait jamais traversé l'esprit. Mais tout a changé lorsqu'elle a rejoint le « Club des Jeunes Leaders » de son école.

Au sein de l’école, le préfet principal est responsables des préfets, les soutient dans l'exercice de leurs fonctions et surtout le préfet principal représente la voix des élèves. Au Ghana, ce rôle est généralement occupé par des garçons. Dzidzornu a défié cette norme et a gagné.
"JE ME SENS TRÈS BIEN DANS MA NOUVELLE FONCTION PARCE QUE JE REPRÉSENTE LA VOIX DE TOUS LES ÉLÈVES, FILLES ET GARÇONS. DZIDZORNU, 18 ANS

LE PARCOURS DE DZIDZORNU

Dzidzornu a rejoint le Club des Jeunes Leaders de son école en 2021 à l'invitation de son professeur. La mère de Dzidzornu s'inquiétait un peu de la timidité et du manque d'estime de soi de sa fille et demanda à l'enseignant d’aider Dzidrornu renforcer sa confiance en soi.

Animé par des enseignantes et enseignants formés par Right To Play, le Club des Jeunes Leaders est un lieu où les élèves apprennent à développer des compétences de leadership et où ils et elles peuvent se familiariser avec des sujets tels les droits de l'enfant, la protection de l'enfance et l'égalité de genre. Le Club s’adresse aux jeunes et permet ainsi aux élèves de s'exprimer sur les sujets qui affectent leur vie. Les enseignantes et enseignants utilisent des jeux et des activités ludiques pour créer un sentiment d'appartenance, de confiance et d'autonomisation.

Dzidzornu a adoré le club. Elle s'est sentie soutenue et a apprécié la possibilité d'être elle-même et d'apprendre à diriger. Ses compétences en matière de prise de parole en public, de collaboration et de résolution de problèmes se sont très rapidement améliorées. Au cours de l'année, elle s’est ainsi décidée à se présenter au poste de préfète de sa classe. À sa plus grande surprise, elle a gagné ! Ce fut l'un des plus beaux jours de sa vie.

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En tant que préfète, Dzidzornu est la voix des élèves de son école.

PASSER À L'ÉTAPE SUIVANTE

En novembre 2022, Dzidzornu a pris l'audacieuse décision de se porter candidate au poste de préfète principale non plus pour sa classe mais pour l'ensemble de l'école. Elle savait que cela n’allait pas être chose facile : l'école n'avait encore jamais eu de préfète principale auparavant. Mais Dzidzornu a tenté sa chance car elle voulait vraiment avoir un plus grand rôle et plus actif dans la conduite du changement au sein de l'école.

"Mes amis du Club Jeunes Leaders m'ont encouragée à me présenter parce qu'elles et ils pensaient que je pourrais utiliser mettre en actions mes compétences en matière de leadership, ces mêmes compétences qu’ils et elles m'avaient vues utiliser au club pour inspirer d'autres élèves", explique-t-elle.

Dans son programme, Dzidzornu a déclaré qu'elle voulait plaider en faveur d'une augmentation des portions de nourriture à la cantine de l'école. Elle souhaitait également améliorer les relations entre les élèves et les préfets de classe. Pour elle cet élément est très important car, dans le passé, l'attitude négative de certains préfets à l'égard des élèves a fini par entraîner une rébellion et pour finir à un manque de respect de la part des élèves envers les préfets et leur autorité. Certains élèves ont refusé d’aller en cours de peur d'être maltraités par les préfets.

La campagne pour le poste de préfet principal n'a pas été facile. Dzidzornu n'était pas une élève connue ou populaire. Le soutien de ses amis et de sa mère l'a beaucoup aidée. De plus, dit-elle, "la formation que j'ai reçue du Club des Jeunes Leaders m'a aidée à croire en moi et en mes capacités de leadership. J'ai été capable d'exprimer clairement les problèmes soulevés par les élèves et d'articuler de manière très claire mes solutions".

AVOIR UNE PLACE À LA TABLE

Le jour des élections, plus de la moitié de la population étudiante a voté pour Dzidzornu. Elle a devancé les cinq candidats masculins et est devenue la première jeune femme préfète principale de son école.

"JE NE M'ATTENDAIS PAS À GAGNER, JE ME SUIS PRÉSENTÉE FACE À DE NOMBREUX GARÇONS. J'ÉTAIS EN COMPÉTITION AVEC CINQ GARÇONS. - DZIDZORNU

En tant que préfète principale, Dzidzornu dirige une équipe de huit préfets. Elle les encourage à partager leurs succès et leurs difficultés et à discuter des moyens d'améliorer l'école et l'expérience des élèves. La fonction de préfète principale s'accompagne de nombreuses responsabilités que Dzidzornu doit concilier avec ses études.

"J'habite loin de mon école, je dois me réveiller vers 4 heures du matin chaque jour pour prier, étudier, effectuer des tâches ménagères puis je dois marcher pendant une heure et demie pour aller à l'école", dit-elle. Dzidzornu arrive à l'école plus tôt que la plupart des élèves afin d'avoir le temps de lire ses notes avant les cours.

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Dzidzornu et son équipe de préfets.

"Lorsque j'ai commencé en tant que préfète principale, beaucoup d'élèves ne me connaissaient pas et ne savaient pas de quoi j’étais capable ; beaucoup pensaient que je ne pouvais pas diriger, pas comme le faisaient les garçons", dit-elle.

Certains élèves allaient même jusqu’à lui manquer de respect lorsqu'elle s'adressait à eux parce qu'elle était une fille. Mais Dzidzornu n’a pas baissé les bras et il ne lui a pas fallu très longtemps pour que ses camarades finissent apercevoir et reconnaitre ses compétences et commencent à l'admirer.

"BEAUCOUP DE FILLES VEULENT MAINTENANT SE PRÉSENTER AU POSTE DE PRÉFÈTE. - DZIDZORNU

La vision mais surtout l'engagement de Dzidzornu ont considérablement amélioré les relations entre préfets et élèves. Dans tout ce qu'elle entreprend Dzidzornu essaie de montrer l'exemple.

"J'ai formé les préfets sur des sujets tels que l'autodiscipline et le respect des élèves. J'ai pu transmettre ces connaissances grâce à la formation que j'ai reçue au sein du Club des Jeunes Leaders.

"À présent, certaines filles me disent qu'elles veulent me ressembler, suivre ma voie et je suis très fière de ce changement. C'est ma plus grande et belle réussite.

Pour en savoir plus sur la première participation de Dzidzornu dans le programme Right To Play, cliquez ici.